MISE AU POINT TERMINOLOGIQUE EN EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE

MISE AU POINT TERMINOLOGIQUE EN EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE

1- EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE

L’EPS est la discipline d’enseignement qui s’appuie sur les APS pour permettre, dans un cadre institutionnel et de manière systématique:

  • Le développement et/ou l’entretien des capacités Physiques (vitesse, force, endurance, résistance…).
  • La sollicitation des capacités psychomotrices (coordination, équilibre, synchronisation, vitesse de réaction, schéma corporel…).
  • L’acquisition des habiletés techniques et/ou tactiques (dribble, tir, passe, franchissement, ATR, lancer…) significatives des pratiques sociales de référence (BB, GYM, course de haies …).

Cependant le rôle qui incombe à l’EPS ne se réduit pas au développement exclusif des qualités physiques et psychomotrices. En effet l’action de l’EPS est plus large dans la mesure où elle agit de manière significative sur les autres dimensions de la personne (l’élève), à savoir :

Le domaine Cognitif :

L’enseignement de l’EPS constitue également une occasion privilégiée pour solliciter  des apprentissages à caractère cognitif qui se rapportent :

  • A l’acquisition de connaissances liées au règlement, à la terminologie technico- tactique, aux concepts scientifiques, etc.
  • A la sollicitation des capacités d’observation, d’analyse et de prise de décision.
  • A l’acquisition de méthodes de travail (apprendre à apprendre) et de stratégies d’apprentissage (processus métacognitif) qui préparent l’élève à se prendre en charge et par là favorisent son autonomie.

Socio- affectif :

  • Favoriser le courage de l’élève
  • Développer l’esprit d’initiative
  • Permettre l’intégration au groupe
  • Initier à la prise de responsabilité
  • Faciliter la communication avec autrui

Avec l’adoption de certains principes de l’approche par les compétences comme cadre conceptuel et méthodologique des Orientations Pédagogiques qui régissent l’enseignement de l’EPS (lycée OP 2007, collège OP 2009), les savoirs (connaissances…), les savoir-faire (habiletés, capacités motrices…) et le savoir être (liés au domaine socio- affectif) sont désormais considérés comme des ressources que les élèves doivent acquérir et mobiliser de manière intégrée en vue de construire des compétences.

En conséquence l’enseignement méthodique et rigoureux de l’EPS favorise le développement intégral et harmonieux des différentes composantes de la personnalité de l’élève, améliore son état de santé (état de bien-être physique, psychique et social), favorise son autonomie, à sa réussite scolaire et à son imprégnation des valeurs de citoyenneté.

2- LES APS

Les APS représentent l’ensemble des Activités Physiques (acrobatie, jeux traditionnels Etc..) et Sportives (Volley-ball, Basket, Gymnastiques..) sur lesquelles s’appuie l’EPS pour accomplir sa mission. Elles sont considérées à la fois comme des buts et des  moyens de l’EPS.

Des buts parce que l’EPS doit permettre l’apprentissage des APS telles quelles existent  en dehors de l’école (pratiques sociales de référence). Pour cela l’enseignant doit favoriser l’acquisition des différents éléments constitutifs des APS (technique, tactique..). Dans cette perspective, l’enseignant fait pratiquer l’APS pour l’APS.

Les APS sont aussi des moyens de l’EPS dans la mesure ou leur pratique n’est pas uniquement une fin en soi, mais également un support ou un prétexte pour contribuer à l’éducation intégrale de l’élève à travers la sollicitation de ses différentes ressources (cognitif, socio affectifs, psychomoteur…) et par là favoriser l’acquisition des compétences.

Considérer les APS comme des objets et des moyens de l’EPS renvoie à la problématique « spécificité et transversalité » des apprentissages en EPS et c’est là l’une des difficultés majeures auxquelles se trouve confronté l’enseignant d’EPS :

Comment faire pour établir un juste équilibre entre les deux tendances (techniciste ou éducative)?

3- LE SPORT DE COMPETITION

Le sport de compétition représente l’ensemble des activités physiques réglementées, institutionnalisées, à caractère compétitif et dont le but primordial se résume dans la recherche de la plus haute performance. Alors que l’EPS se caractérise par la diversité de ses pratiques, le sport quant à lui s’appuie sur des pratiques optionnelles (chacun choisi de pratiquer son sport préféré), et sur la spécialisation des entraîneurs. De surcroit l’EPS s’adresse à tous, le fort comme le faible alors que le sport est par nature élitiste et par conséquent dissuasif (écarte les personnes qui n’ont pas le profil requis). Le tableau ci- dessous présente un récapitulatif de la comparaison entre l’EPS et le sport de compétition.

4- COMPARAISON ENTRE SPORT ET EPS

5- LA PEDAGOGIE

D’une manière générale le concept « pédagogie » peut avoir deux significations différentes et complémentaires ; la première se rapporte à l’action d’éduquer et la seconde a trait aux aspects théoriques, aux réflexions sur les finalités, les conditions et les stratégies d’éducation.

Ces différentes significations ressortent clairement des deux définitions suivantes :

Pierre Parlebas (1980) :

« La pédagogie est une pratique d’intervention normative qui recherche une influence près d’autrui dans une perspective explicite de formation »

Cette définition souligne le caractère intentionnel et pratique de la pédagogie, par contre la définition ci-après met l’accent sur l’étendue de la pédagogie en tant que théorie centrée sur les conditions de l’éducation.

Merrieu (1990) avance à ce propos :

« Réflexion sur l’éducation de l’enfant (..), la pédagogie s’interroge sur les finalités à affecter à cette éducation, sur la nature des connaissances à transmettre, et sur les méthodes qu’elle doit utiliser ».

6- LA DIDACTIQUE

Etymologiquement, la didactique semble dériver de Dek-Dok qui signifie acquérir ou faire acquérir une connaissance.

Ainsi les réflexions qui vont être développées en didactique doivent nécessairement prendre en considération les interactions qui existent entre les trois pôles directement concernés dans toute action d’enseignement-apprentissage, à savoir :

  • Le pôle de l’élève c’est-à-dire qui va acquérir des connaissances et construire des compétences.
  • Le pôle de l’enseignant en tant qu’agent transmetteur, facilitateur ou inducteur des différents types d’apprentissages.
  • Le pôle des contenus objet d’enseignement-apprentissage. Il délimite les savoirs, les savoirs faire, les savoirs être et les compétences à acquérir dans une discipline donnée.

Les interactions entre ces trois pôles constituent selon Y CHEVALLARD le centre des préoccupations de la didactique dont il donne la définition suivante :

« La didactique est une science dont l'objet d'étude est le système didactique formé par trois éléments:  l'enseignant, les élèves, le  savoir et la relation tertiaire  qui les  lie ».

Pour mieux assurer l’enseignement-apprentissage des savoirs d’une matière, il faut procéder à trois axes d’analyse :

  • L’analyse des mécanismes d’enseignement c’est à dire comment s’opère et s’organisent la méthodologie et les procédures adoptées par l’enseignant pour favoriser les apprentissages visés.
  • L’analyse des mécanismes d’apprentissage (comment l’élève apprend et intègre les connaissances, compétences...).
  • L’analyse des contenus matière et leur hiérarchisation pour les rendre accessibles, adaptés et enseignables dans un contexte scolaire.

L’étude de ces mécanismes constitue justement l’objet de la didactique, comme l’affirme

ALAIN HEBRARD (1986), la didactique est :

« L’étude des processus d’élaboration et d’acquisition (chez l’élève) et de transmission (chez l’enseignant) des savoirs et des savoirs faire d’une discipline »

Toutefois, cette étude se donne pour préoccupation centrale l’explicitation, la structuration et la hiérarchisation des contenus d’enseignements (savoir, savoir faire, savoir être, compétences).

PIERRE ARNAUD (1985) : souligne l’importance de cet aspect en expliquant que la didactique est :

« Une théorie construite de l’exercice qui par un ensemble de situations instrumentales finalisées défini pour chaque matière d’enseignement un contenu structuré et hiérarchisé afin de guider les apprentissages scolaires des élèves ».

VERGNAUD(1983) : Met également en avant la place centrale des contenus d’enseignement dans le champ de la didactique. En effet d’après lui la didactique est un :

« Domaine de recherche qui étudie les processus de transmission et d’acquisition, en tenant compte scrupuleusement des contenus d’enseignements et des connaissances. Il est l’étude de l’ensemble des contraintes qui président au développement des contenus »

7- RAPPORT PEDAGOGIE-DIDACTIQUE

Les définitions citées ci-dessus permettent de mettre en évidence que la pédagogie est avant tout une réflexion sur les finalités et les conditions de l’éducation, par contre la didactique  s’intéresse,  en   priorité,   aux   méthodes   d’enseignement  et   aux  stratégies d’apprentissage dans le cadre d’une matière. Elle est donc essentiellement liée à des contenus disciplinaires identifiés et structurés. De ce fait on peut dire que la didactique est une partie de la pédagogie qui concerne l’enseignement (comme l’affirment LALANDE ET LAFON), ou qui met l’accent sur le comment faire ? D’après Mialaret, c.à.d. comment faut-il s’y prendre pour optimiser les apprentissages ? Comment l’élève s’approprie les connaissances ?, quelle consigne il faut lui communiquer ? Quelle organisation il faut mettre en place ? Sur quel contenu il faut mettre l’accent ? Quel dispositif de vérification des apprentissages ?

JACQUELINE MARSENACHS : propose de son côté la distinction suivante entre pédagogie et didactique :

« La pédagogie serait centrée sur les aspects relationnels généraux alors que la didactique ferait porter sa réflexion sur la matière organisée »

La conception de FRANÇOIS TOCHON va dans le même sens, puisqu’il avance que :

« La didactique s’arrête à la porte de la classe, et concerne tout ce qui est de l’ordre de l’anticipation et de la planification, en revanche la pédagogie relève de l’animation et de la gestion du groupe classe »

En conclusion, il faut retenir que la didactique et la pédagogie sont concernées par l’enseignement et l’apprentissage, cependant la pédagogie est plus large que la didactique et semble englober cette dernière.

Mais pour éviter tout risque de confusion nous allons admettre que la didactique s’appuie sur les données objectives et vise la systématisation de l’enseignement apprentissage (en structurant, en programmant des contenus d’enseignement). Et nous évoquerons le concept « pédagogie » pour désigner tout ce qui est lié à la relation enseignant-enseigné dans ses différentes dimensions psychoaffectives et sociales ainsi qu’aux interventions régulatrices qui lui sont liées. En d’autres terme, la didactique concerne la préparation prévisionnelle et se fait essentiellement en l’absence des élèves alors que la pédagogie commence dans la mise en œuvre de ce qui est préparé et de ce fait elle ne peut s’actualiser que par la présence des élèves.

Enfin, il faut noter qu’actuellement il existe un consensus pour admettre que la pédagogie et la didactique entretiennent une relation dialectique, l’une agit sur l’autre et la complète.

PHILIPPE MERRIEU (1991) relate subtilement cette réalité en avançant que :

« Une pédagogie qui s’intéresserait à l’enfant en général, abstraction faite des contenus d’enseignement à transmettre serait une pédagogie complètement fantaisiste »

et de continuer : 

« La pédagogie sans la didactique ce n’est rien, c’est du vent, c’est du vide ».

 OUAHIDI Hachem

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