ANALYSE ET TRAITEMENT DIDACTIQUE DU GYMNASTIQUE AU SOL

Analyse et traitement didactique du gymnastique au sol

I - Analyse didactique

1. Logique interne

La logique interne apparaît selon cette optique comme l’obligation de présenter des enchaînements gymniques qui respectent les principes spécifiques de chaque agrée gymnique.
Formes corporelles inhabituelles : quels éléments doit-on proposer aux élèves compte tenu de leur motricité ?
Un travail de sélection parmi les 2500 figures proposées dans le répertoire de la fédération internationale s’impose au préalable pour ajuster la pratique au niveau des élèves. Les éléments gymniques seront appréciés selon 3 facteurs :
  • Leur difficulté ;
  • Leur combinaison ;
  • Leur exécution.
L’article 15 du règlement de gymnastique résume la manière dont devrait s’opérer la sélection de ces éléments pour un environnement scolaire : « le gymnaste ne doit inclure dans son exercice que des éléments qu’il peut exécuter en toute sécurité et qu’il maîtrise parfaitement du point de vue esthétique et technique. Les éléments très mal exécutés ne sont pas reconnus… »
Formes d’exécution : comment produire ou reproduire les éléments gymniques ?
Un code de pointage utilisé par le juge sanctionne toutes les fautes d’exécution du gymnaste. Ainsi, la maîtrise d’exécution doit tenir compte :
  • Du contrôle du geste ;
  • De la tenue du corps ;
  • De l’équilibre ;  
  • De l’amplitude du geste.
Formes enchaînées : comment présenter les éléments gymniques à des spectateurs ou à l’évaluateur ?
Il s’agit de présenter à des spectateurs et à un jury des éléments liés mis au point, maîtrisés et automatisés. La réalisation de l’enchaînement permet l’évaluation du cycle de gymnastique.
L’enchaînement dépasse la simple maîtrise des éléments, il est également celui d’actions. Au rythme de chaque figure (temps forts et temps lents) s’ajoute le rythme de l’enchaînement. L’enseignant, en imposant l’ordre des éléments, doit bâtir des liaisons qui posent un certain nombre de problèmes nécessitant l’appropriation de nouveaux apprentissages :
  • Coïncidence entre la position d’arrivée avec la position de départ de l’élément suivant ;
  • Placement du corps pour amplifier un élan ou se rééquilibrer pour réaliser un élément de maintien ;
  • Construction de points de repères et anticipation des actions.
Formes codifiées : comment les élèves produisent ou reproduisent les formes corporelles ?
Chaque figure est répertoriée dans un code de référence proposé aux élèves, la valeur de chacune est hiérarchisée en fonction du niveau de difficulté. La mise en évidence des critères de réalisation des éléments gymniques peut devenir un indicateur de codage pour les élèves leur permettant de se représenter le but à atteindre. De plus, les critères de réalisation sont source d’apprentissage dans la mesure où les élèves devront les exploiter au mieux pour produire les figures gymniques. Enfin, son utilisation permet une communication entre pairs et l’évaluation des éléments.
Formes produites dans un environnement stable : quelles sont les contraintes liées au matériel ?
La configuration des agrès deviendra une ressource pour les pratiquants. Il conviendra de l’exploiter par une motricité axée sur la particularité des engins gymniques.

2. Principes et règles d'action

En entend par principe et règles d'actions l'ensemble des constantes, des conditions, qui sont présentées à tous les niveaux de pratique, quelques soient les modifications apportées aux contraintes matérielles et/ou réglementaires ; les principales activités fondamentales regroupent les règles d’action ; elles permettent d'accéder à un état plus gymnique en cherchant :

3. Enjeux de formation

En gymnastique, les enjeux de formation sont multiples et devraient permettre à l'élève d’apprendre à:
- Piloter son corps dans l’espace : Il s’agit de faire l’apprentissage de la maîtrise de son corps sur le plan acrobatique et du jeu de la pesanteur dans des situations de formes corporelles inhabituelles.
La construction d’habiletés motrices spécifiques permet l’émergence d’actions particulières dans des situations perturbatrices pour l’équilibre de terrien. La perception visuelle est déstabilisée, le système vestibulaire et labyrinthique n’est pas accoutumé aux éléments ;
- Être initié à une activité de production de formes techniques et esthétiques.
- Maîtriser la prise de risque : L’équilibre maîtrisé dans des situations inhabituelles implique une prise de risque celui du déséquilibre et la crainte de la chute.
Le risque engendre une prise de conscience de ses capacités par un pouvoir de réflexion avant l’action. Avant de s’engager l’élève procède à un certain nombre de calculs portant sur la probabilité de réussite ou d’échec et sur l’importance de son désir de réussir et d’éviter l’échec.
La prise de risque instaure un climat d’entraide, d’émulation et d’encouragement, et favorise la libération des nœuds d’émotions qui inhibent et bloquent l’action et l’apprentissage.
Il existe une relation entre la difficulté de la tâche, le risque perçu par l’élève et la motivation. On observe à partir d’un niveau de risque une baisse de motivation. En effet, il existe un degré optimum de risque ou de nouveauté au-delà duquel l’inquiétude se substitue à la curiosité et à l’attrait de l’inconnu.
La gymnastique qui met en place des situations acrobatiques peut prévenir les comportements dangereux liés à une prise de risque non maîtrisée. En règle générale, les garçons s’exposent davantage. Par l’expérience vécue dans l’action les élèves prennent conscience du bien-fondé des avertissements des adultes ;
- Assumer sa silhouette : Le gymnaste se libère peu à peu de l’angoisse qui perturbe sa prestation en se mettant en situation d’être observé par un, deux et enfin le groupe classe.
L’apprentissage de la maîtrise de ses émotions est essentiel pour arriver à s’exprimer et communiquer pleinement.

Ainsi, On peut classer les enjeux de formation en gymnastique selon trois pôles (moteur, socio-affectif et cognitif), en sachant toutefois que ces catégories sont interpénétrées ; l’affectif, le cognitif, le moteur et le sens se trouvent intimement liés en régulations multiples :
- Pôle moteur :
  • Ressources biomécaniques : construction d’une organisation posturale permettant des attitudes, des impulsions, des rotations…gymniques. Amélioration de la souplesse,
  • Ressources bio informationnelles : construction d’un système de repérage en passant par des prises d’information extéroceptives pour aller vers des prises d’informations proprioceptives,
  • Ressources bio énergétique : développement d’une tonicité et d’un gainage permettant la transmission d’énergie, amélioration des éléments gymniques par une efficacité accrue ;
- Pôle socio-affectif :
  • Être capable de se produire devant autrui,
  • Mettre en place des situations pour favoriser une réussite valorisante : augmentation de l’estime de soi,
  • Partager des sensations communes,
  • Se lancer des défis par rapport à soi-même ou aux autres,
  • Faire communiquer et s’entraider les enfants ;
- Pôle cognitif :  
  • S’approprier les éléments du code de référence et les principaux critères de réalisation de chaque élément technique,
  • S’enrichir du vocabulaire gymnique,
  • Savoir utiliser les différents médias,
  • Comprendre les modalités de l’évaluation,
  • Maîtriser les principes de sécurité afin de respecter le principe incontournable « simple et correct vaut mieux que difficile et incorrect ».

4. Problème fondamental

En gymnastique, il s’agit de passer d’un équilibre vertical de terrain à la construction de nouveaux équilibres de plus en plus aérien et renversé, c’est à dire résoudre un ensemble de problèmes :
  • Remise en cause de l’équilibre vertical du bipède terrain.
  • Prises de risques et complexification des actions motrices.
  • Prise d’informations extéroceptives et/ou proprioceptives.
  • Gestion de l’effort pour la réalisation d’enchaînements d’actions dynamiques et originales.
  • Contrôle de ses émotions.
  • Acceptation de rôles sociaux différents.
  • Maîtrise du risque (couple risque - sécurité).
  • Construction de nouveaux repères (informationnel).
  • Organiser les déplacements (voler, tourner, se déplacer ...).
  • Contrôle des mouvements.
  • Dissociation segmentaire.
  • Confrontation avec d’autres enfants.
  • Produire des formes.

5. Logique du comportement 

  • Réactions face à l'inconnu
Curiosité et appréhension : Les élèves peuvent ressentir à la fois de la curiosité et de l'appréhension face à une nouvelle activité qu'ils ne connaissent pas. La gymnastique est souvent perçue comme impressionnante voire intimidante, notamment à cause de certaines figures acrobatiques.
Peur de l'échec ou du ridicule : Beaucoup d'élèves craignent de ne pas réussir les mouvements ou d'être jugés par leurs camarades. Cela peut entraîner une certaine réticence à s'engager pleinement dans l'activité.
  • Perception des exigences physiques
Conscience des limites corporelles : Les élèves peuvent avoir du mal à évaluer leurs propres capacités physiques, surtout s'ils n'ont pas l'habitude d'exercer des mouvements gymniques. Ils peuvent avoir peur de se blesser ou de ne pas être assez forts ou souples pour réussir.
Évitement de la prise de risque : Par manque de confiance en eux, certains élèves évitent de s’engager dans des mouvements perçus comme dangereux (sauts, roulades, appuis inversés). Cette prudence est une réponse naturelle face à des exercices qui peuvent sembler complexes.
  • Motivation et engagement
Motivation extrinsèque vs. intrinsèque : Les élèves débutants en gymnastique peuvent être plus motivés par des facteurs externes (note, encouragement des enseignants) plutôt que par le plaisir de l'activité en elle-même. Cependant, si l'enseignant parvient à rendre la pratique ludique et progressive, cela peut favoriser le développement d'une motivation intrinsèque.
Effort progressif : Face aux premières difficultés, les élèves peuvent se décourager rapidement. Il est donc important de proposer des exercices adaptés et de valoriser les progrès, même minimes, pour encourager leur persévérance.
  • Socialisation et dynamique de groupe
Influence du regard des autres : À cet âge, le regard des camarades a une grande influence sur le comportement. Certains élèves peuvent se montrer plus réservés ou hésitants à essayer des figures devant le groupe, par peur d'être jugés ou moqués.
Importance du soutien entre pairs : Les encouragements et l'aide des camarades peuvent renforcer la confiance et l’engagement de l’élève dans l’activité. La dynamique de groupe peut jouer un rôle positif si elle est bien encadrée par l'enseignant.
  • Attitude face à l'apprentissage et à l'échec
Gestion des émotions : Les élèves doivent apprendre à gérer la frustration liée à l'échec, mais aussi la satisfaction des réussites. La gymnastique, par sa nature exigeante, les confronte souvent à l'échec, ce qui peut être difficile à accepter pour les élèves peu habitués à la persévérance.
Apprentissage par essais et erreurs : La gymnastique nécessite de répéter les mouvements pour progresser. Les élèves doivent comprendre que l'erreur fait partie du processus d'apprentissage, ce qui peut changer leur perception de l’échec comme un élément normal et utile.
  • Stratégies d'adaptation
Prendre des initiatives : Certains élèves, en voyant les autres réussir, pourront être encouragés à essayer à leur tour et à surmonter leurs peurs. L'enseignant peut stimuler cette dynamique en valorisant les tentatives, même si elles ne sont pas réussies.
Recherche de sécurité : Les élèves cherchent souvent à s'assurer que les exercices sont réalisés dans un environnement sécurisé (tapis de protection, aides de l'enseignant). Cette recherche de sécurité peut être un prérequis pour qu'ils osent essayer de nouveaux mouvements.

II - Traitement didactique

1. Niveaux d’apprentissage

L’élève entre avec un niveau de ressource et sort avec un niveau de conduite, vu la diversité de ses ressources : bio-informationnelle, bioénergétique, biomécanique, bio-affectives. Dans chaque APS on peut définir trois ou quatre niveaux d’apprentissage Identifiés par des hiérarchies de comportements et significatifs d’un stade de l’apprentissage. On parle de niveaux obstacles, niveaux d’habileté ou niveau de performance.

2. Thèmes D’études 

Les thèmes d’études sont issus des domaines moteurs, cognitif, socio-affectif leur choix est lié à l’analyse didactique, en particulier à la détermination des principes d’action fondamentaux se spécifient en fonction du niveau d’apprentissage et du thème d’étude retenus ou bien l’objectif recherché selon les orientations pédagogique 07/09.
Ils interviennent en trois domaines de connaissances :
  • Connaissances procédurales.
  • Connaissances conceptuelles.
  • Connaissances comportementales.

Ils constituent les guides didactiques d’une démarche pédagogique dans l’APS En permettant la construction des tâches (situation de résolution) de problèmes ou (situations d’apprentissage) nécessaires À l’amélioration de l’efficacité des règles d’action (par rapport aux principes d’action dans chaque thème d’étude). Cette amélioration se traduit dans la capacité à résoudre un problème ou renforcer une réponse positive : ce qui représente les conditions à intérioriser pour générer des actions nouvelles, elles-mêmes corrélatives de transformations corporelles perceptives cognitives affectives.

3. Critères de réussite

Indique le plus clairement et le plus concrètement possible l’état de la tâche qui doit être atteint pour pouvoir conclure à sa réussite. En EPS, les critères de réussites sont des indicateurs comportementaux ou chiffrés qui permettent :

  • A l’enseignent de juger le degré de conformité de la prestation d’un élève par rapport à l’objectif visé (modèle de comportement ou de performance).
  • A l’élève de situer sa production par rapport à l’exigence préétablie, mais aussi de comprendre ses réussites ou ses échecs. Ces derniers ne sont pas des fautes mais constituent des indicateurs et des repères qui aident à la régulation du processus d’enseignement-apprentissage.
Ils sont formulés en termes de capacités, c’est-à-dire en comportement significatif autorisant le passage d’un niveau à un autre qui constituent des guides d’évaluation formative et sommative, ce sont des indicateur réalisables, claire aux yeux des élevés et évaluables à la fin d’apprentissage, Ils peuvent être :
  • Qualitatif : c’est-à-dire en étroite relation avec les opérations motrices visées. Il s’agit      d’indicateurs comportementaux liés à la maitrise d’exécution; Exemple gymnique : En ATR, maintenir l’alignement des mains, épaules, bassin.
  • Quantitatif : dans ce cas le critère en termes de chiffres ou de pourcentages, un nombre de réussites dans la tâche; Exemple gymnique : En ATR, maintenir l’alignement des mains, épaules, bassin 3’’

4. Situation de référence

Ce sont des situations stables de repères permettent : 

  • Pour l’élève l’appréciation de problème des acquis, des progrès. 

  • Pour l’enseignent, la confrontation des élèves au problème fondamental de l’APS et son évaluation.  Elles sont modulables en complexité. 

Pour un cycle de gymnastique, la situation de référence est l’enchaînement à la fin de cycle. Pour chaque élément à apprendre il peut y avoir une situation de référence, Ces situations de références sont variables selon le niveau des élèves.
Pour chaque élément à apprendre il peut y avoir une situation de référence, ces situations de références sont variables selon le niveau des élèves. 

LIEN IMPORTANT : Eléments gymniques selon les difficultés (Programme du Maroc)

EL AMRANI IMAD - Enseignant d'éducation physique et sportive.

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