L'évaluation en Education Physique et Sportive (EPS)

L'évaluation en Éducation Physique et Sportive (EPS)

Introduction

Toute institution quelle que soit sa nature, qui cherche le développement et la maximisation du profit se sert de l’évaluation comme opération d’appréciation et de prise de décision. En effet, dans le domaine de l’institution scolaire, l’évaluation est une source d’information dont l’enseignant ainsi bien que l’élève ont besoin, en permanence, pour savoir si les compétences et les objectifs visés sont atteints en partie ou en totalité.

Certes, l’évaluation est un fait institutionnel quotidien et permanent surtout depuis la mise en place des programmes d’EPS. Au fil du temps, l’évaluation a pris une place importante au point d’être considérée, par les pédagogues, non dissociée au processus d’enseignement apprentissage.

Par le biais d'évaluations dites diagnostic (initiale ou prédictive), formative, formatrice, sommative ou encore certificative, l’enseignant d’EPS organise, gère et utilise toutes ces formes d’évaluations pour dispenser au mieux possible son enseignement. D’un autre coté ces différents types d’évaluation doivent servir de guide à l’élève pour qu’il puisse situer lui-même ses difficultés, les analyser et découvrir les procédures susceptibles de lui permettre de progresser. Souvent les enseignants donnent rarement aux élèves la possibilité de mettre en œuvre des stratégies d’autorégulation qui pourraient les amener à ajuster leur façon d’apprendre.

En E.P.S. on évalue la performance, le niveau d’habileté, les Connaissances réglementaires et physiologiques et les capacités de l’élève à s’investir dans des taches d’organisation, etc. Pour atteindre ces buts, l’enseignant est appelé à élaborer un outil évaluatif simple pour l’élève et complet pour l’enseignant alliant à la fois faisabilité, objectivité, reproductibilité et validité.

 1 - Définition de l’évaluation

«Dans son acceptation la plus générale, le terme évaluation désigne l’acte par lequel, à propos d’un événement, d’un individu ou d’un objet, on émet un jugement en se référant à un ou plusieurs critères ». G. Noizet et J-P. Caverni 1978

Selon JM. de Ketele en 1986 "l’évaluation est le processus qui consiste à recueillir un ensemble d’informations pertinentes, valides et fiables, en examinant le degré d’adéquation entre cet ensemble d’informations et un ensemble de critères choisis adéquatement en vue de fonder la prise de décision".

Nous pouvons avancer que la première définition met l’accent sur l’idée qu’évaluer, c’est avant tout juger, en comparant quelque chose à une référence. Alors que la deuxième est sans doute plus complète, dans la mesure où elle met l’accent sur ce qui nous paraît essentiel dans l’évaluation, c’est à dire la prise de décision

De tout cela, nous pouvons retenir que l’évaluation est le fait de :

- Collecter des informations sur l’activité de l’élève pour voir leur degré d’adéquation avec des critères et des indicateurs.

- Porter un jugement au service d’une décision

- Prendre des décisions pour l’amélioration de l’acte d’apprentissage de l’élève.

- Prendre des décisions pour l’optimisation de l’acte d’enseignement de l’éducateur.

2 - Programme et orientation pédagogique (2009) et l’évaluation:

a) Séance d’évaluation sommative et certificative :

Cette dernière séance du cycle a pour objectif la détermination du bilan terminal des apprentissages développés durant les séances d’enseignement apprentissage. Ce bilan se fait pour connaitre le pourcentage de réussite en termes d’objectifs tracés, pour prendre les décisions pédagogiques appropriées et aussi pour donner une note chiffrée à l’élève en se basant sur la grille d’évaluation officielle prescrite dans le POP(2009).

b) Grille d ‘évaluation

3 - Les fonctions de l’évaluation :

Deux fonctions essentielles à l’évaluation.

a) Fonctions sociales :

- L’évaluation joue un rôle de certification indispensable pour la société (recherche de la qualification des élèves).

- L’appareil éducatif absorbe une part non négligeable du budget de l’état ; l’évaluation de l’enseignement est alors un moyen de s’assurer du bon emploi de ce budget.

b) Fonctions pédagogique :

- Informer l’élève pour qu’il puisse prendre des décisions et de s’orienter en toute clarté. (Notion de connaissance de résultats).

- Renseigner l’enseignant pour adapter continuellement ses objectifs ses méthodes, etc. aux élèves. C’est la fonction de régulation de la conduite de l’enseignement.

- L’évaluation peut enfin renseigner sur le fonctionnement du système scolaire dans son ensemble (l’adéquation des contenus, des programmes et mêmes des procédures de sélection).

4 - Les grandes catégories l’évaluation :

Le tableau ci- dessous nous permet de distinguer les différentes catégories de l’évaluation pédagogique à partir d’un système de questionnement.

EVALUATION	Prédictive	Formative	Sommative
Objectifs Pourquoi faire ?	Un diagnostic (bilan sur les prérequis et le niveau d’habileté de départ). Prédire et pronostiquer une performance.	Aider, réguler Réparer les difficultés Repérer le degré de maîtrise.	Établir un bilan des acquis. Vérifier un niveau atteint. Vérifier l’efficacité d’une stratégie pédagogique.
Fonctions Pour en faire quoi ?	Formulation des objectifs. Formation des groupes. Envisager des remèdes.	- Régulation des enseignement- apprentissages. - Ajustement de l’activité du professeur et ajustement de celle de l’élève.	- Certification. - Classement. - Sélection.
Moments Quand ?	Avant l’apprentissage	Pendant l’apprentissage	Après l’apprentissage
Exemple	Détection.	Contrôle continu	Examen
Remarques en EPS	- Constat de niveau vis à vis d’une APS. - Établir une performance de départ.	- Intervention pédagogique à partir de critère de réussite critère de réalisation (corriger renforcer, réaménager).	Test bilan Tester le niveau d’acquisition.

L’évaluation Diagnostique

« Elle intervient lorsqu’on se pose la question de savoir si un sujet possède les capacités nécessaires pour entreprendre un apprentissage » Noizet et Caverni, 1978. On parle également d’évaluation prédictive ou pronostique. Ce type d’évaluation conduit à dresser un bilan de compétences et de capacités nécessaires pour aborder de nouvelles notions.

L’évaluation Formative

Répond à la volonté de fonder l’intervention didactique à partir des informations recueillies sur le processus pédagogique (Maccario, 1982).

L’évaluation formative s’accompagne, dans le but d’optimiser les apprentissages, de processus de remédiation.

L’évaluation sommative

« Elle se situe à la fin de l’apprentissage et conduit à situer les performances des élèves par rapport à des normes déterminées sur un groupe de référence. » Léon et al. 1977

Appelée sommative car elle porte sur un certain nombre d’apprentissages successifs, servant de base au contrôle de la maitrise d’objectifs bien définis.

Si elle débouche sur la délivrance d’une reconnaissance institutionnelle (diplôme...), on parle aussi d’évaluation certificative.

5 - Comparaison des évaluations à référence normative et à référence critèriée:

Évaluation normative :

Correspond à une intention de comparer le résultat de l’individu testé aux résultats d’une population ou d’un groupe dont il fait partie.

 L’approche normative situe donc l'élève non plus par rapport aux objectifs à atteindre, mais par rapport à une norme, ce qui autorise une procédure de classement ou de sélection. La norme à quoi nous confrontons ces résultats est de 2 ordres : le barème national ou le barème établi par l’équipe pédagogique dans le cadre du projet pédagogique.

Évaluation critèriée :

Une évaluation est dite critériée quand elle réfère le résultat d'un apprenant à des critères. C’est une évaluation dont le cadre de référence est constitué par des objectifs traités au cours du cycle d’enseignement- apprentissage. C'est-à-dire que le résultat obtenu est comparé à des critères fixés à l’avance.

Critèrier l’évaluation c’est permettre a l’élève de savoir précisément ce qu’il sait faire et ce qu’il ne sait pas faire. En termes opérationnels :il ne s’agira pas d’expliquer à un élève qu’il ne sait pas faire un enchainement au sol, mais de lui dire ou il en est dans le domaine des éléments, des liaisons, du rythme. Une fois ce repérage effectué, on peut mettre en place les remédiations nécessaires.

Le tableau ci-dessous emprunté à Maccario, offre une bonne synthèse des caractères principaux des approches normatives et critèrées.

6 - L’objet de l’évaluation

L’évaluation de la performance (résultat, produit)

Une performance révèle l’efficacité du sujet jugée par rapport aux meilleures réalisations communes à une tranche d’âge donnée. Évaluer le produit ou la performance c’est situer les élèves les uns par rapport aux autres en mesurant le résultat de leur actions par le moyen d’une toise, d’un décamètre ou d’un chronomètre (en Ath). Cependant, La démarche d'interprétation de la logique d’une évaluation centrée sur la performance se fait par référence à une norme statistique. Cette norme est généralement un barème national ou un barème élaboré par l’équipe pédagogique

En sports collectifs, Il apparaît important de prendre en compte les résultats de matchs pour le calcul de la performance. C’est-à-dire que nous pouvons attribuer des points aux élèves des équipes selon le classement final (compter les points des victoires, matchs nuls ou défaites, le nombre de buts marqués et le nombre de buts encaissées).

Par ailleurs, nous pouvons considérer que les résultats obtenus par référence à une évaluation centrée sur la performance ne  rend qu’imparfaitement compte de ce qui a été réellement appris. Exemple : Un élève de grande taille peut faire un très bon parcours de haies car il dispose de qualités physiques ou morphologiques importantes alors qu’un autre élève de petite taille risque d’avoir des difficultés de  franchissement  même s’il assiste aux séances de tout le cycle et même s’il profite des apprentissages. Ceci nous incite à mettre en application les deux logiques.

L’évaluation du processus (procédure d’action)

La procédure d’action est celle qui fait directement référence aux processus mis en œuvre pour réaliser une action. Elle est individuelle et elle mesure ce qui est appris par l’élève. Portant sur les procédures techniques, sur les opérations mises en œuvre pour réaliser différentes tâches , la maîtrise d’exécution devrait porter dans la majorité des cas sur des critères qualitatives. En GYM l’élément gymnique ATR après une planche faciale est réussi  si l’élève arrive à avoir : jambes tendues serrées, ventre plat fesses contractée (gainage), impulsion des 2 bras et s’il se maintient en équilibre pendant 2 à 3 secondes. En sport collectif l’élève arrive à se démarquer s’il a appris a exécuter désalignement, par le moyen d’aiguillage changement de direction, changement de rythme au moment opportun, pour être au service du porteur de balle.

L’évaluation du progrès

La notion de progrès s’oppose à celle de stabilité. Le progrès désigne les phénomènes permettant l’amélioration du niveau d’habileté ou de la performance ou des deux au même temps dans une APS donnée. L’évaluation du progrès se réalise en faisant la comparaison de la performance ou de la procédure d’action du début du cycle et celle de la fin du cycle. Alors on peut dire que par exemple que Said a progressé de 10 cm au cours du cycle en saut en hauteur alors que Brahim a progressé de 5 cm.

7 - Les exigences méthodologiques de l’évaluation

Les évaluateurs et les instruments utilisés doivent tendre vers le respect d’exigences méthodologiques parmi lesquelles la validité, la fidélité et l’objectivité sont le plus souvent mentionnées.

La validité

Nous permet d’assurer « que l’objet fixé et lui seul, est bien l’objet mesuré » (G de LANDSHEREE, 1979). Cela implique que les comportements sur lesquels porte la mesure ou l’observation soient suffisamment définis et contrôlés afin d’éviter tout élément parasite.

La fidélité

Renvoie quant à elle aux « mesures répétées d’un objet, réalisées dans les mêmes conditions avec un instrument pour fournir les mêmes résultats « (G de LANDSHEREE, 1979). La variabilité des phases de jeu inhérentes surtout aux sports collectifs constitue donc une difficulté pour la rigueur concernant la fidélité de l’évaluation.

L’objectivité

Permet d’affirmer que les résultats sont tout à fait indépendants de la personnalité, des préférences de l’opérateur. Le professeur d’EPS peut réduire les risques de tomber dans la subjectivité quand il prenne conscience des différentes causes de cette dernière.

Les principes de l’évaluation

PH. SCAVINO énonce 4 principes à respecter pour une évaluation cohérente et équitable :

- Principe de reproductibilité : « La notation est applicable à tous. Le même dispositif et les mêmes critères seront en vigueur pour tous les élèves d’un même niveau de classe pour la même activité pratiquée. »

- Principe d’équité : « La notation devra, dans la mesure du possible, prendre la forme de recueil de données, d’un recensement d’actions positives, basées sur le résultat d’actes moteurs et non d’intentions présumées ou de comportements supposés, hiérarchisés en « niveau » d’habileté, correspondant à un certain nombre de points et dont l’aléatoire évaluatif et l’à peu près docimologique n’est légitime que par une référence à une théorie des objectifs.»

- Principe de cohérence : « L’évaluation de la performance, de la maîtrise et des connaissances d’accompagnement se fera au cours d’un même acte afin que les savoirs en actions soient de la manière la plus qualitative possible. »

- Principe d’authenticité : « La seule dérive à éviter, selon nous, est de « mettre la barre trop haute », et d’oublier que le niveau de maîtrise et le niveau de performance sont dépendants des conditions de pratique scolaire qui sont celles de l’emploi du temps de la classe. »

Les phases de l’évaluation :

Selon Berbaum (1984), la pratique de l’évaluation correspond à une série d’opération qu’il convient de bien distinguer :

1/ Définir des critères et des indicateurs d’évaluation	Ces critères doivent être en rapport avec les objectifs du cycle.
2/ Définir les outils qui vont permettre de collecter les informations sur les critères choisis	Test, QCM, test écrit, grille, échelle de comportement, fiche, check-list, etc.
3/ Choisir la situation d’évaluation	- Situation de référence - Match, Parcours, Mini-enchainement.
4/ Produire un jugement par confrontation de l’ensemble des informations avec un référent	Comparaison soit à : une norme un critère
4/ Prendre une décision	L’évaluation éclaire la prise de décision

L’organisation du test bilan

L’organisation de l’observation et de l’évaluation exige de la part de l’enseignant une prise en considération d’un ensemble d’éléments à savoir: (effectif, APS, matériel, installation)

 A prévoir dans l’organisation : Le temps de passage en tant que joueurs, observateurs, Des rotations pour que chaque élève passe comme observateur observer, arbitre..

A prévoir : Les observateurs, Les arbitres, Les joueurs, Chronométreurs.

8 - Conclusion

L’évaluation pour but de soutenir et de favoriser l’apprentissage des élèves. Elle doit être planifiée dès la première séance du cycle et être utilisée tout au long de son déroulement. L’évaluation se réalise en première phase à partir de recueil des données, effectuée à l’aide d’instruments appropriés et selon des critères correspondant aux objectifs et compétences retenus. En effet, les instruments utilisés doivent tendre vers le respect d’exigences méthodologiques à savoir la validité, la fidélité et l’objectivité. Cela implique que les comportements sur lesquels porte la mesure doivent opérationnellement être définis et contrôlés afin d’éviter multiples interprétations.

Par ailleurs, le pouvoir de noter n’est pas neutre, il convient, afin de réduire de nombreuses disparités de notation, de mettre l’accent sur un travail plus clair, simple et précis afin de rendre l’évaluation beaucoup plus cohérente, authentique, reproductible et équitable.

OUAHIDI Hachem.